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Pas de frontière entre les mort·e·s et les vivant·e·s, « Le Tiers Pays » de Karina Sainz Borgo

Loin de moi l’idée d’aider une maison d’édition qui n’a pas besoin de ces mots pour prendre toute la place dans les librairies. Mais ce livre est très beau.

Le Tiers Pays est le titre d’un livre écrit par l’autrice vénézuélienne Karina Sainz Borgo. Il a été publié cette année dans la collection Du monde entier au cœur du monde, chez Gallimard. Dans ce texte, Le Tiers Pays, est le nom d’un lieu, d’un espace particulier : un cimetière illégal. Il accueille les corps de celles et ceux qui ne peuvent s’offrir de sépulture, celles et ceux que la vulnérabilité extrême tuent.

Le roman est donc fait de migrations et de frontière impossible à traverser à cause d’une épidémie étrange, de violences criminelles masculines, et d’un duo de personnages féminins tout en contraste, duo crépusculaire, collaborant ensemble pour les inhumer les mort·e·s. Ainsi, Visitación et Angustias s’attachent à redonner un peu de dignité à celles et ceux qui l’ont perdue.

Je ne veux pas en écrire davantage sur ce livre, western fragile et elliptique, court et efficace. Une grâce l’anime, faite à la fois de sécheresse, d’apprêté et d’une tendresse cruelle. Les détours de l’autrice par un réalisme magique emportent avec eux beaucoup des désespoirs de notre époque, tout en ne nous lâchant pas des yeux.

Et puisqu’il y a des pages très belles (et plutôt rares), sur la mort, et ce que la mort fait à nos corps, j’en recopie ici un extrait, traitant très directement de cette question.

Le Tiers Pays (El Tercer Pais), par Karina Sainz Borgo, traduit de l’espagnol par Stéphanie Decante, publié en 2023 dans la collection « Du monde entier au cœur du monde« , Gallimard.

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