Si on lance de la poussière c’est pour que ça retombe sur quelqu’un est allergique à la rentrée, aux sacs qui s’alourdissent dans le dos des écolières et écoliers, aux nouvelles chemises boutonnées, même si elles sont décontractes, et à toutes les nouvelles divisions de la vie en petits morceaux qui sont voués à se huiler correctement les uns aux autres, bien timés, comme les rouages d’une grande machine à broyer (waw !).
Alors, de discours, il n’y aura presque pas.
Simplement une suggestion : ce documentaire, « Raï is not dead« d’Hadj Sameer et Simon Maisonobe, paru courant 2023. Le documentaire met en scène Hadj Samer lui-même à la recherche de la mixtape ultime du raï, ce genre musical qui n’aura jamais cessé de faire des allers-retours de part et d’autres de la mer méditerranée, suivant les vagues d’immigrations et les modes du présent.
Avec cette quête de collectionneur geek passionné, Hadj Sameer (+ celles & et ceux qui l’ont aidé·e·s) fait quelque chose de très doux : il recolle les morceaux d’une histoire abîmée et conflictuelle, notamment entre entre celles et ceux resté·e·s en Algérie et les nouvelles et nouveaux français·e·s, entre les vieux et les vieilles qui détestent l’autotune et les jeunes, qui font du raï, eux aussi, même si tout change (et que, paradoxalement, l’autotune permet une vulnérabilité à laquelle les autres accédaient par une maîtrise vocale poussée).
Pendant les six épisodes, on suit ce travail de fourmi : il s’agit de recoudre une toile un peu abîmée, mitée par le temps, pleine de poussières et d’araignées.
Bien sûr, à constituer des archives spontanées, de terrain, Hadj Sameer raconte une aventure collective autant que son histoire. Crotte, la musique est belle, les rencontres le sont aussi. Tout ça colle au corps d’une façon ou d’une autre, et c’est pour ça qu’on pleure généralement.
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Apogée et chute du raï : Raï is not dead, Hadj Sameer & Simon Maisonobe, Arte, 2022.
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