pff, on va tous & toutes
mourir, je crois
alors autant danser
alors dansons
Après-midi grisâtre, une sortie avec J. et A. Avec force et rhume mal guérie, on traverse notre campagne limousine en se disant qu’on écrira des listes de mots en regardant des tableaux puisque notre sort s’acharne sur le Musée Cécile Sabourdy à Vicq-sur-Breuil (en Haute-Vienne). Concernant le musée, son nom, sa jeune histoire, vous trouverez tout ce qu’il faut ici, ou là. Il faut y courir !
Le texte qui suit est une invitation à découvrir les deux expositions temporaires qui s’y déroule : d’abord Dédales (jusqu’au 30 juin 2023) – la principale, et l’autre autour de la monographie de l’étonnant Maurice Loirand (fin en mars 2023… aujourd’hui ? Mince alors…).
« Dédales » se présente comme une exploration dans la collection de Thierry Coudert, spécialiste de l’art Populaire et collectionneur limousin engagé.
Les supports sont variés et vont de la broderie à la sculpture en passant par le tableau ou le dessin de coin de table. Certaines pièces sont signées (Maï Lee, Meiji Jingu, Fabrice Fossé, Raymond Picard…) mais la plupart sont anonymes, voire orphelines. La provenance des pièces est diverse elle aussi.
Quelques fils invisibles font tenir les œuvres réunies au musée : une étrangeté au réel et une bizarrerie des imaginaires où l’on retrouve monstres, extraterrestres, mythologies détournées, formes fantomatiques, animaux fantastiques, corps abîmés et décharnés. Les œuvres se répondent, interagissent ensemble dans l’espace du musée et celle ou celui qui regarde construit un chemin, simple ou tordu, pour les rencontrer.
Ce qui touche aussi, c’est la solitude de certaines figures, que ce soit dans ces sculptures mélancoliques d’inspiration romanes ou dans ces personnages croqués en quelques traits incisifs, plongés dans des explosions de couleurs ou dans des paysages monochromes.
De la même façon qu’un poème tout seul c’est un poème triste (c’est ce que disait Jack Spicer), il en va de même pour les œuvres réunies dans l’exposition : le foisonnement provoqué par leur réunion nous révèle des mondes cachés, perdus, brutaux. Il y a quelque chose des danses macabres dans ce mélange des formes. Et on se demande souvent de quelles rencontres sont issues ces pièces et de quelle façon Thierry Coudert les a récoltées.
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Désormais, parlons de la très belle pièce (charpente comprise) consacrée aux travaux de Maurice Loirand.
La salle consacrée à Maurice Loirand. J’ajoute que la majorité des images est issue du Musée (dossier de presse, site internet). Quelques-unes sont des mauvaises photos issues de mon vilain smartphone…
L’exposition s’intitule « L’arbre poète endormi« , titre énigmatique. Il est dit de Maurice Loirand (1922-2008) qu’il est peintre naïf et qu’il voyage. Et quel joie de découvrir son travail à travers la trentaine de dessins réunis ici. La sélection se concentre sur des paysages ruraux français, scènes de vie quotidienne au Japon et des représentations d’arbres. Et c’est juste beau.
C’est dingue comme les arbres sont tous différents, noueux, solides, fragiles, noués, denses, frêles sous le regard et les traits de Loirand. Comme si chaque branche, chaque feuille, avaient mérité son attention.
La réalité est là, sans surface, sans relief, elle ne déborde pas, et c’est ça qui la rend si intense. Loirand ne cesse, en travaillant par série, de la décliner, de l’étirer, en répétant et répétant les mêmes gestes (mention spéciale à la série consacrée aux pins maritimes – qui est accompagnée d’un texte juste et sensible).
Le regard du voyageur sur les choses, passant à la fois émerveillé mais pressé, se ressent dans chaque coup de crayon, chaque passage de l’encre. Alors les herbes hautes se penchent à cause du vent.
En somme, difficile pour moi de ne pas avouer que je n’ai pas été profondément touché par le travail tant j’y vois des liens avec ce que j’essaye de faire, à ma petite échelle, par l’écriture.
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Je vous encourage à courir voir ces deux expositions, et à vous intéresser aux travaux que j’ai présenté ici. Par ailleurs, le musée a annoncé son appellation à venir en tant que « Musée de France« . Bien que je ne sache pas ce que cela signifie exactement, cela récompense institutionnellement (un mot compliqué !) le travail consciencieux et très humble que mène l’équipe du musée. Et c’est bien mérité.
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